"Les femmes politiques ont des moustaches, elles sont masculines !", "La politique n’est pas faite pour les femmes !", "Des femmes Alibi sans aucune compétence !", "N'avez-vous pas une famille à soigner ?", "Les femmes biens ne restent pas dehors tard entourées d’hommes !". Ce ne sont que quelques-uns des préjugés auxquels sont confrontées les femmes qui travaillent dans la politique. Vingt femmes de la Tunisie, l'Algérie, le Maroc et la Belgique se sont réunies à Tunis au cours des derniers jours et ont partagé leurs histoires, en se rendant compte que les obstacles auxquels les femmes sont confrontées dans la vie politique sont similaires dans les différents pays.
Le premier atelier de «Femmes Leaders de demain» a eu lieu à Tunis du 3 au 6 Avril 2014. Dans ce cas il s’agit d’une collaboration locale entre la Fondation Heinrich Böll Tunis et le partenaire local la " Ligue des femmes électrices tunisiennes" (LET). Le projet global est quant à lui un projet de l’ONG "Actions in the Mediterranean" (AIM), l'association de l'activiste belge Simone Susskind, mis en œuvre avec des partenaires locaux.
La Ligue des femmes électrices tunisiennes a été fondée après la révolution de mobiliser et de soutenir les candidates et l'électorat féminin. L'organisation jouera un rôle important dans la mobilisation des femmes pour les prochaines élections en Tunisie et le suivi de leur participation égale en tant qu’électeurs, candidats et fonctionnaires électoraux.
Alors que pendant les révolutions arabes de 2011 les femmes ont été à côté des hommes dans la lutte pour un changement de régime et ont joué un rôle clé, autnat dans la phase suivante de transition, les femmes ont été dans de nombreux cas politiquement marginalisées. Afin d'empêcher les femmes de devenir les perdantes de la révolution et de renforcer les capacités des femmes pour les prochaines élections dans plusieurs pays participants, que le programme " Femmes Leaders de demain " a été conçu.
Le programme de formation, d’une année, rassemble des jeunes femmes avec des ambitions politiques de quatre pays du Sud et du Nord de la Méditerranée pour les accompagner et les équiper avec des compétences de leadership nécessaires pour entrer ou poursuivre leur carrière dans la politique avec succès. Les participantes ont appris les cinq techniques les plus courantes de manipulation utilisées lors des réunions pour discréditer les membres féminins : rendre les femmes invisibles en les ignorant, ridiculiser tout ce qu'elles disent, ne pas partager l'information avec elles, critiquer tout ce qu'elles font et les faire culpabiliser de ne pas consacrer assez de temps à leur famille. Techniques et histoires ont été partagées pour trouver les meilleures façons de surmonter ces défis. Au cours des quatre jours, il est devenu clair que ces jeunes femmes leaders veulent changer quelque chose dans leur société et qu’elles ne seront pas dissuadées de poursuivre leurs chemins dans la vie politique. Comme l’a si bien dit une participante marocaine: «la politique c’est ma vie ".
Le programme a également impliqué des discours inspirants par des femmes leaders tels que Kalthoum Kennou , la première femme présidente de l'Union Tunisienne des Magistrats et Jaouida Guiga , première femme magistrat. Ainsi que Asma Ben Hamida, la fondatrice de " Enda Inter-Arabe " , le plus grand organisme de micro- crédit de la Tunisie . A la fin de son témoignage Asma Nab Hamida se tourna vers les participantes t en disant: « mon rêve est que mes clientes deviennent comme vous ! Je vous admire parce que vous faites de la politique ! ". Ce que les différentes femmes modèles avaient en commun c’était la passion et la conviction de créer un changement en faveur des femmes. Que ce soit en défiant les ordres de leur mari en grimpant par la fenêtre pour assister à une réunion politique ou gronder un caissier à la banque pour ne pas pas servir les femmes rurales. Elles ont félicité la nouvelle génération de femmes leaders pour leur courage de faire de la politique et leur ont souhaité de la chance dans la défense de la cause féminine.
Après la formation en Tunisie, des sessions au Maroc, en Algérie et en Belgique suivront ainsi qu'une mission sur le terrain pour accompagner les candidates belges au cours de leur campagne électorale.