Les Noirs tunisiens ont-ils droit à leurs propres histoires ?

Vus sous l’unique prisme de l’esclavage, les Noirs tunisiens sont souvent perçus sans lignage ni racine profonde en Tunisie. Après le déni des générations victimes, ils ont aujourd’hui une véritable volonté de faire reconnaître leur histoire. La renonciation aux patronymes hérités de l’esclavage est une victoire récente dans la lutte pour leurs droits. Elle met en valeur l’hétérogénéité des divers contextes migratoires.

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 « Ainsi, aujourd’hui, ces esclaves, “bien meubles”, nos Parents, ont des prénoms, des surnoms, parfois des sobriquets et des noms que nous, leurs descendants, avons retrouvés, rassemblés et sortis de l’anonymat de nos cœurs et de nos consciences. Ces Parents, survivants d’un crime contre l’humanité, peuvent désormais être honorés comme il se doit, et prendre, et nous avec eux, toute leur place dans l’Histoire » - Emmanuel Gordien, « Les patronymes attribués aux anciens esclaves des colonies » [1]

En demandant un changement de patronyme et en l’obtenant début octobre 2020 par décision de justice, Hamdane (‘atigue) ben Daly, ce Jerbien de 81 ans fait valoir son aspiration et son droit, ainsi que celui de sa descendance, à être perçu sous un autre angle que celui de l’histoire servile accolée aux Noirs: son droit à être considéré pour ce qu’il est intrinsèquement [2] et ne plus être ce « corps-doublure » d’un prétendu ancien maître [3].

En acceptant que l’épithète « ‘atigue », signifiant affranchi et renvoyant donc à une lignée esclave, soit définitivement ôté du patronyme « Dali », que Hamdane porte depuis sa naissance [4], le tribunal de Médenine (Sud de la Tunisie) répond donc positivement à un élan profondément libertaire, qui n’est ni unique, ni premier en son genre. Alors qu’aujourd’hui, une douzaine de demandes similaires sont en attente de réponses positives des instances judiciaires tunisiennes [5], cette volonté de rompre définitivement avec une institution officiellement abolie depuis 1846, n’est qu’un exemple de la longue lutte des Noirs tunisiens. Les premières demandes de changement de patronyme remontent au moins à la période coloniale. En 1927, « Chouchan ben Saad el Ouardani » profite de sa naturalisation française pour devenir « Ouardani Chouchane » (Photo 1).

Le titre « Chouchane » utilisé dès lors comme patronyme, alors qu’il permettait avant tout de désigner les Noirs nés en Tunisie (deuxième génération), ôte ce caractère atténué d’une certaine extranéité ou de mise au ban de la société [6]. En 1925, Bouthelja ben Saad ben Reguig présente une demande similaire « Dans le but d’éviter des confusions et d’assurer un nom [à ses] descendants » [7], selon ses propres termes (photo 2).

 La diversité constatée des patronymes, tantôt arabisés, tantôt assimilables à un vocable d’origine sub-saharienne (tels que « Soudani », « Borni » « Kabbou », « Louçif », « Hamrouni », « ‘Abid Ghbonton », « ‘Atig Dali’ » etc.), révèle  une diversité d’histoires. Ainsi, une distinction fondamentale doit être définitivement opérée entre les entités « noir(e)s » et « esclaves » et ce, particulièrement, dans le contexte nord-africain : une présence ancestrale ou autochtone [8], et des immigrations volontaires pour causes, entre autres, de guerres (d’occupation notamment) ou de raisons économiques etc. sont autant d’explications à  la présence de ces minorités en Afrique du Nord [9]

Or, toute intra-différenciation dans l’identité « Noirs tunisiens » est absente du champ des considérations sociales. En effet, la mémoire tunisienne fait totalement abstraction de cette histoire liée à l’immigrations volontaires d’individus ou groupes d’individus subsahariens qui ont choisi arbitrairement au fil des siècles (et bien que cela continue jusqu’à aujourd’hui) de s’installer en Tunisie.

Au-delà de l’esclavage : dépendances, servitude et début des confusions

Il n’est évidemment pas question, en évoquant cette pluralité d’histoires, de minorer le passé esclavagiste de la Tunisie, dont de nombreux Subsahariens, pour la plupart originaires de la région du Lac Tchad et plus spécifiquement du Bornou, ont été victimes. Non seulement, la Tunisie fut une nation demandeuse d’une main d’ouvre servile au moins jusqu’au milieu du XIXe siècle pour les hommes et jusqu’à la fin de ce même siècle pour les femmes, mais elle a également été une importante plateforme de transit d’esclaves destinés au pays du nord de la Méditerranée et du Levant.

Même après l’abolition de l’esclavage en 1846, cette pratique perdure, mais de manière plus ou moins clandestine, voire détournée en ce qui concerne les femmes. L’émancipation effective et réelle fut longue à s’effectuer, pour des raisons liées à la structure de la société et à son imaginaire, d’une part, et pour des causes d’ordre politique et historique, d’autre part. De fait, les habitudes et occupations de l’esclave tunisien affranchi n’ont pas connu d’importants changements. Dans la majorité des cas, les affranchis sont restés, par choix ou par contrainte, chez leurs maîtres. En effet, il était difficile pour beaucoup d’entre eux d’aspirer à une meilleure situation matérielle que celle dont ils/elles bénéficiaient en tant qu’asservi(e)s, alors nourri(e)s et logé(e)s [10]. Dans nombre de cas également, les maîtres ne remettaient pas la lettre de manumission à leurs esclaves : cela leur permettait de les garder en servitude malgré l’interdiction, tout en pouvant affirmer, en cas de contrôle ou de dénonciation que ces esclaves avaient bien été affranchis mais qu’ils désiraient rester auprès de leur « ancien maître ». Au demeurant, certains esclaves ignoraient même leur affranchissement.

À partir de la fin du XIXe siècle, l’esclavage sous sa forme traditionnelle tend à disparaître, mais non les liens de servitude et de clientélisme. L’on constate même la mise en place de nouvelles formes de dépendance pendant la période coloniale, des formes de travail forcé, auxquelles étaient notamment soumis les hommes dans le monde agricole [11].

Dès les années 1890, la différenciation entre l’esclave et l’affranchi devient plus difficile notamment du fait d’un déni sémantique notable [12]. Dans les faits, le changement de condition reste peu visible et la frontière entre libre et esclave est si poreuse qu’elle ne permet pas de distinguer véritablement les deux. Nous pouvons même avancer que la différence a été pendant longtemps uniquement nominale. Tel homme est désormais déclaré « libre » (horr en arabe) [13] et en possède la preuve : sa lettre de manumission ; mais dans la réalité sociale rien ne confirme réellement cette liberté. En effet, même libre, l’affranchi ne l’est pas de naissance : il reste donc jusqu’à aujourd’hui considéré comme un ‘abid (esclave), mouch horr (le non-libre) et sa descendance est arbitrairement désignée sous le terme générique de ouled ‘abid (enfants d’esclaves) ou ‘abid de telle ou telle fraction. C’est ainsi qu’ont perduré jusqu’à aujourd’hui des fractions de tribus dont le nom lui-même sous-entend la « possession » et renvoie encore explicitement à une condition servile passée [14]. De ce fait, même libre, l’affranchi ne l’est que dans une sous-catégorie, celle qui le maintient dans une certaine misère et qui perpétue, jusqu’à nos jours, la trace de ses origines serviles.

Le phénomène se trouvait encore accentué du fait qu’une fois affranchi, l’esclave ne bénéficiait, le plus souvent, que d’un prénom suivi du nom de l’ancien maître auquel il restait souvent rattaché par la loi du Wala (patronat) [15] ; celle-ci établissant un lien de clientélisme trans-générationnel, donc perpétuel. De fait, même libre, il restait toujours « l’affranchi de ». Une telle dénomination met l’accent sur l’absence de nasab, de patronyme, et d’ascendance et, par conséquent, sur le défaut d’ancrage et d’appartenance réelle et « légitime » à la société dans laquelle il vit.

Prises dans l’engrenage d’une dépendance non seulement d’affiliation mais également matérielle a priori sans issue, certaines familles, notamment de la région de Gabès, n’ont pu en sortir que grâce à l’émigration vers l’Europe à partir des années 1960 [16] (émigration organisée par les États tunisien et européens). Les capitaux rapatriés et investis en mobilier et équipements dans leurs régions d’origine, leurs ont permis d’accéder à une forme d’émancipation sociale, d’indépendance matérielle et d’affranchissement vis-à-vis de l’allégeance aux anciens « parents-patrons ». Mais reste toujours le nom, que seule une volonté juridico-politique peut changer.

Le cas de familles ou de fractions composées de deux groupes, « noirs » et « blancs », portant un patronyme similaire, s’observe dans la quasi-totalité de la région Sud du pays. Tant à Mareth (40 km de Gabès), qu’à Douz [17] ou Jerba [18], quasiment toutes les grandes familles des tribus locales sont scindées en deux : une lignée de Blancs (ahrar [19]) et une autre de Noirs (Shuashîn/Soud) qui lui est rattachée. Le maintien d’une scissure au sein de ces « familles » rappelle à ceux qui l’ignoreraient, qui est descendant de maîtres et qui est descendant d’esclaves. Par exemple, les ‘Abid Ghbonton, « esclaves des Ghbonton », forment une sous-fraction d’une tribu du Sud-Est tunisien. Ils ne constituent pas une fraction indépendante mais un sous-groupe de l’une de ses branches puisque, après 1890, ils ont été administrativement rattachés à la fraction de leurs anciens maîtres [20].

Les migrations méconnues des « Soudanais » ou « Tripolitains soudanais »

De la fin du XIXe siècle au milieu du XXe siècle, s’ajoutent, à ces ambiguïtés de condition, d’autres confusions dont sont victimes ceux arrivées sur le territoire dans le cadre d’une immigration volontaire et qui sont présentés dans les documents d’archives de l’administration coloniale comme étant « Soudanais », ou encore « Tripolitains soudanais ».  

Certains d’entre eux viennent en Tunisie pour fuir l’esclavage en Libye ou simplement en tant que marchands. Mais plus nombreux encore sont ceux qui arrivent libres pour fuir la guerre d’occupation voisine et bénéficier des nombreuses opportunités d’embauche qu’offre une Tunisie investie par une colonie européenne en phase d’installation. Ainsi, de nombreux individus identifiés comme « Soudanais » et « Tripolitains soudanais » car arrivant par la frontière libyenne, s’installent, le plus souvent en famille, dans différentes régions de Tunisie, au Nord comme au Sud, dans des propriétés agricoles ou autour des mines de phosphate. Dans la première moitié du XXe siècle, plusieurs importantes vagues d’immigration subsaharienne ou maghrébine se succèdent, encouragées par des conflits et une configuration économique locale favorable. Ces flux s’intensifient pendant et suite aux guerres d’occupation (italienne) des différentes régions constituant alors la Libye actuelle (Tripolitaine, Fezzan en 1911-1912 et plus tard Cyrénaïque).

L’accord franco-italien du 29 mai 1914 visant à partager ces populations installées en Tunisie mais sous autorité italienne (la Libye étant alors occupée par l’Italie) leur octroie d’office la nationalité tunisienne.

La Première Guerre mondiale entraine une nouvelle vague d’immigration , de même que l’occupation italienne de la Cyrénaïque (troisième territoire libyen) et la crise économique mondiale [21], à partir des années 1930.

Identifiée comme « noire » par les administrateurs de l’époque au moment de son arrivée, cette frange de la population immigrante n’est donc pas « construite socialement », de la même façon que celle « blanche » arrivée aux mêmes périodes. Racialisée car identifiée principalement sur une base chromatique, elle est alors assimilée phénotypiquement aux populations noires plus anciennement présentes sur le territoire, notamment, en tant qu’esclaves et affranchies.

Or, il en résulte aujourd’hui un effondrement des différences entre et parmi les populations noires tunisiennes aux expériences et parcours historiques pourtant divers.

Sur la voie d’une reconstitution d’une histoire commune

Depuis la révolution tunisienne de janvier 2011, un phénomène nouveau et exceptionnel voit le jour, celui d’une jeunesse, en grande partie issue de cette minorité, qui lutte en soulignant la nécessité de rompre avec tout ce qui peut constituer des séquelles de ce passé.

Après le déni des générations victimes, le silence des récits familiaux – ce qui fait partie des obstacles à surmonter pour une indispensable reconstitution de ce pan de l’histoire nationale – il y a aujourd’hui une véritable volonté de reconnaissance et de valorisation d’une histoire commune, et un rejet du sentiment de honte éprouvé par les générations passées. Cette dynamique souligne l’écart générationnel évident dans la perception et l’acceptation d’un passé douloureux et humiliant.

Or, la conscientisation très rapide de cette minorité et ses fortes aspirations actuelles buttent aujourd’hui sur l’ignorance totale de ses concitoyens et dirigeants, en terme d’histoire principalement. Au regard de cette nouvelle volonté des Tunisiens de connaître leur passé, de ces revendications et critiques « ouvertes » quant à la politique de l’État vis-à-vis des avatars de la période esclavagiste, s’impose la nécessité, pour les responsables politiques, notamment, s’ils ne veulent pas être dépassés par les nouveaux mécanismes et dynamiques de leur société, de sonder les différentes possibilités/moyens d’entendre et faire-entendre, de transmettre cette histoire et les revendications de ceux qui y sont liés. Et cela passe aussi par la nécessité de considérer plus attentivement et spécifiquement les demandes relatives au changement de patronyme, phénomène d’actualité dans tous les pays ayant pratiqué l’esclavage et la servitude.

 

[1] Gordien Emmanuel, 2013,‪ « Les patronymes attribués aux anciens esclaves des colonies françaises », In Situ, n° 20, [En ligne : http://journals.openedition.org/insitu/10129].

[2] Son fils témoigne de l’humiliation qu’il ressentait à chaque fois que, pour des raisons administratives (obtenir un travail par exemple), il devait présenter ses papiers d’identité. Voir https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/10/23/en-tunisie-une-famill….

[3] Sur cette notion de « corps-doublure », voir Bentouhami Hourya, 2017, « Notes pour un féminisme marron. Du corps-doublure au corps propre », Comment S’en Sortir ?, n° 5, hiver 2017, 108-125.

[4] Depuis 2017, cet homme, aidé par son fils, demandait à la justice que ce « titre », qui le présentait systématiquement comme subalterne, soit ôté. Cette décision judiciaire a pu aboutir entre autres grâce à la loi 50 qui pénalise depuis 2018 les discriminations raciales. Minority Rights groups travaille sur ces questions notamment en Tunisie (cf. Silvia Quattrini qui y travaille et Zied Rouin en est un consultant local). Mnemty lutte également pour que soient obtenus ces changements de patronymes et dit avoir pour objectif de préparer un décret-loi à soumettre à la signature du président de la République, qui retirerait les surnoms racistes à tous les Tunisiens noirs, puisqu’il affirme régulièrement en tant que président vouloir la dignité et la justice pour tous les Tunisiens, avance Saadia Mosbah.

[5] D’après des informations fournies par l’association Mnemty qui soutient et suit de près ces affaires.

[6] La dénomination Chouchân ou Shushân fait aujourd’hui directement référence  au phénotype noir de ces personnes et non plus à leur origine.

[7] Archives nationales de Tunisie (=ANT), Série E, carton 505, dossier 3/118, doc.3.

[8] Puisque la présence de personnes au phénotype noir remonterait à au moins aussi longtemps que cette région existe : voir notamment Cintas Pierre, 1961, Eléments pour une protohistoire de la Tunisie, Paris, Presses universitaires de France.

[9] Mrad Dali Inès, 2009 , Identités multiples et multitudes d’histoires : les « Noirs tunisiens » de 1846 à aujourd’hui, thèse de doctorat en…, sous la direction de Jocelyne Dakhlia, École des Hautes études en sciences sociales-Paris; 2020, « Migrations et construction des identités minoritaires en Tunisie à partir de la fin du 19e siècle : le cas des Noirs tunisiens d’origine “tripolitaine” », « Mobilités dans le Sud globalisé : Altérité, racialisation et fabrique des identités », Civilisations,19-46.

[10] Aussi, il était fréquent que le travail fourni (travail de la terre et de la ferme en milieu rural, tâches ménagères etc.) ne donne pas accès à une rémunération pécuniaire mais se faisait en contrepartie de nourriture et de logement, avec le maintien d’un semblant de lien familial, et de « collaboration » ancestrale.

[11] Mrad Dali Inès, 2015, “From Forgetting to Remembrance: Slavery and Forced Labour in Tunisia”, in N. Frith, K. Hodgson (eds.), At the Limits of Memory : Legacies of Slavery in the Francophone World, Liverpool, Liverpool University Press, 191-208..

[12] Cette difficulté d’adaptation à une nouvelle situation qui met fin à une pratique ancestrale ne sera pas la caractéristique de la population civile tunisienne seule, mais aussi de l’administration coloniale. On remarque sur certains documents, comme par exemple dans la marge du brouillon d’une lettre qui devait être adressée par le Résident général français au consul de Grande Bretagne, des notes écrites par le Résident, recommandant à ce que son administration n’écrive plus les mots « esclaves » et « affranchissement ». Sur ce brouillon de lettre, on déchiffre les mots « tickets d’affranchissements » barrés et remplacés par le terme « tiskaret de liberté », et le mot « esclave » rayé pour ne plus mentionner que le nom de la personne en question.

[13] Aujourd’hui, la nomination horr est toujours utilisée pour designer, par les Noirs eux-mêmes, les Blancs, comme s’il fallait encore faire une distinction avec eux, sous-entendu avec des non-libres.

[14] Voir plus loin le cas des ‘Abid Ghbonton.

[15] En effet, toutes les Écoles de l’islam s’accordent à dire — et en font d’ailleurs une recommandation — que même une fois acquise la liberté, l’affranchi (‘atik, mu’tak) demeure, ainsi que ses descendants par les mâles à perpétuité, lié à l’affranchisseur (mu’tik), soit homme ou femme, et à la famille de celui-ci par un lien de « clientèle » ou wala, terme qui désigne également un autre aspect de l’institution : le « patronat ».

[16] Sur les impacts de ces phénomènes d’émigration vers l’Europe il y a eu par exemple, Baduel Pierre-Robert, 1977, Les conséquences sociales de l’émigration temporaire en Europe sur la vie de la région d’origine, thèse 3e cycle en sociologie, Paris III.; 1981, « Émigration et transformation des rapports sociaux dans le sud tunisien », Peuples méditerranéens Mediterranean Peoples, n° 17, Oct-Déc, 3-22 ; Taamallah K. « L'émigration tunisienne et ses impacts socio-économiques », in Maghrébins en France. Emigrés ou immigrés, CNRS, 1983, pp.190-191; Song D.Y., Refondation de la cité. Recherches sur l'identité et le fait migratoire dans l'extrême sud tunisien, Thèse 3è cycle Histoire, EHESS, Paris, 1993; Hargreaves Alec.G. Ed., Immigration, « race » and ethnicity in contemporary France , Routledge, 1995 ; Moumni Youssef, Oasis, sédentarisation et migrations. Une étude de cas en milieu aride tunisien: Mareth et ses oasis, Th 3è cycle, Univ. Paris VII, 2002

[17] Dans la région du Nefzaoua.

[18] Rappelons que ce sont principalement les habitants du Sud de la Tunisie, et notamment les Jerbiens, qui ont été les plus fervents opposants à la première abolition de l’esclavage en 1846 (Ibn Abi Dhiaf 1963-1965, IV : 100).

[19] Étym., « libres ».

[20] À leur sujet, Mahfoudh ben Abdeljelil (2003, 101-102) explique que « Le rapport avec l’autre continue aussi à déterminer l’univers des ‘Abid Ghbonton. En effet, les Ghbonton, qui étaient dans le passé leurs maîtres et qui habitent aujourd’hui au village de Sidi Makhlouf et ses alentours, portent encore beaucoup de préjugés sur les ‘Abid (serviteurs ou esclaves) d’El Gosba […] » la bourgade où habitent les ‘Abid Ghbonton, et qui « est essentiellement une bourgade pauvre ». Certaines familles jerbiennes — pas nécessairement les plus aisées, mais celles qui avaient une importante activité agricole — sont également réputées pour avoir conservé jusqu’à aujourd’hui des liens très solides avec les descendants de leurs anciens esclaves qui, dans certains cas, les ont suivis lors de leur exode vers la capitale.

[21] Mrad Dali Inès, 2020, « Migrations et construction des identités minoritaires en Tunisie à partir de la fin du 19e siècle : le cas des Noirs tunisiens d’origine “tripolitaine” », « Mobilités dans le Sud globalisé : Altérité, racialisation et fabrique des identités », Civilisations, 19-46.