Plébisciter par les acteurs de l’économie sociale et solidaire, le changement d’échelle permet de répondre massivement aux besoins sociaux et environnementaux auxquels font face les sociétés actuelles en augmentant les retombées positives générées par l’activité des entreprises sociales.
Pourquoi changer d’échelle ?
« Il faut réfléchir à la raison pour laquelle vous souhaitez changer d’échelle : est-ce que c’est pour faire du bien à la communauté, avoir encore plus d’impact écolo et social ou est-ce que c’est pour vous enrichir au niveau pécuniaire ? » Nadia Jendoubi - Fondatrice de Najen Nature
Pour un.e entrepreneur.e social.e, la raison première d’un changement d’échelle est l’augmentation de l’impact, et non la croissance économique. En économie sociale, l’amélioration du bien-être des membres, des individus et des collectivités prime sur les retombées financières. Il est ainsi important d’être à l’écoute de ses bénéficiaires pour que ces derniers puissent vous faire part de leurs besoins et savoir comment orienter son changement d’échelle. Pour autant, il ne faut pas négliger l’aspect économique. S’assurer un modèle économique rentable permet à l’entreprise de durer dans le temps et d’ainsi assurer la pérennité de son impact social et environnemental. Parfois, un changement d’échelle signifie le développement de l’impact, mais parfois cela veut simplement dire lancer de nouvelles activités pour maintenir l’impact.
« Ce qui aide beaucoup, c’est d’avoir des bénéficiaires qui sont une partie prenante du projet et qui se permettent de nous solliciter pour proposer des activités ou des services que l’on n’offrait pas encore. » Linda Meganem - Co-fondatrice de l’Arche – Jardin Educologique
Développer son activité tout en augmentant son impact, un défi réalisable ?
« Pour des produits dont la demande est forte, nous sommes obligé.e.s d’aller dans des ateliers beaucoup plus grands. Heureusement nous avons trouvé des usines qui ont le label éthique […]. Ce n’est donc pas impossible, on peut faire produire à grande échelle tout en respectant les valeurs sociales et humaines. » Nadia Jendoubi - Fondatrice de Najen Nature
Bien souvent, changement d’échelle rime avec augmentation de son activité : on vend plus, on produit plus, on exporte dans les pays voisins, etc. Le challenge est alors de réussir cette croissance tout en conservant ses valeurs et cet ancrage territorial : comment « industrialiser » un impact social dont l’essence repose sur le « sur-mesure » ? Le défi n’est pas irréalisable mais il demande une plus longue préparation. Lorsque l’on ne peut plus faire tout soi-même il faut trouver des prestataires et/ ou fournisseurs qui respectent et partagent les valeurs de l’entrepreneur.e. C’est un travail long et fastidieux mais qui ne doit pas décourager. Dans cette recherche, il est important de réfléchir sur certains éléments sur lesquels on peut accepter de faire des compromis mais également ce que l’on considère comme nos valeurs fondamentales, qui elles seront non-négociables.
« Avec le projet Climb’Out, on vise la formation d’une dizaine de jeunes tunisiens au métier de l’escalade. Passer à l’échelle dans notre cas sans avoir le personnel qualifié n’est pas envisageable, il fallait donc préparer ces jeunes-là pour les recruter à la suite de leur formation. » Mohamed Ali Abid - Co-fondateur de Climb’In
Outre les prestataires, il faut également considérer les ressources humaines en amont du changement d’échelle. Du fait de l’innovation sociale qu’elle apporte, une entreprise sociale peut avoir du mal à trouver du personnel qualifié, elle doit ainsi trouver des alternatives et peut être s’engager dans la formation de jeunes.
L’écosystème ESS, un soutien au service des entrepreneur.e.s sociaux.ales
Face aux nombreuses spécificités propres à l’entrepreneuriat sociale, changer d’échelle peut sembler insurmontable pour un.e entrepreneur.e isolé.e. Comment trouver des partenaires adéquats ? Comment connaitre les aspects juridiques et logistiques nécessaires à la mise en place de son changement d’échelle ? En cas de difficulté, les entrepreneur.e.s peuvent à nouveau se tourner vers les experts et les structures d’accompagnement. Forts de leurs expériences en la matière ils peuvent conseiller pertinemment les entrepreneur.e.s dans le développement de leurs activités.
« Le prêt d’honneur m’a permis d’ajuster ma stratégie pour davantage pérenniser mon projet »Linda Meganem - Co-fondatrice de l’Arche – Jardin Educologique
Des financements spécifiques et avantageux (subventions, prêts d’honneur, dons, etc.) peuvent leurs être octroyé.e.s par les structures d’appui de l’écosystème ESS. Cela facilite le lancement de nouveaux projets en leur permettant notamment de prototyper et de trouver le format de changement d’échelle le plus adéquat pour leur projet. Mobiliser les ressources et s’appuyer sur les dispositifs et acteurs de son écosystème est donc une étape indispensable pour enclencher et réussir son changement d’échelle.
« Ce qui m’a aidé, c’est l’écosystème entrepreneurial social en Tunisie, ce sont les incubateurs, le nombre d’experts qui nous ont permis de changer de vision […] les financements aussi qui nous ont permis de développer, de tester et de se permettre de prototyper. Sans cet appui, Sciencia n’aurait pas pu survivre et encore moins changer d’échelle en développant des activités plus rentables avec un impact plus important. » Latifa El Ghezal - Cofondatrice de Sciencia